Encore une année, mais c'est une nouvelle...

Publié le par desmotsdudimanche

Une année s’est terminée pour une autre qui commence. Ça défile, sans s’arrêter et de plus en plus vite au fur et à mesure qu’on grandit. Et si finalement le temps n’était pas une chose qui avance ?


Je voyais cette ligne, la ligne de ma vie, et moi comme un curseur qui avançait dessus. Comme sur une règle, chaque millimètre étant une année. A les regarder,  elles se ressemblent toutes, sauf les traits un peu plus grands, les étapes plus importantes.  A les regarder mais à les vivre, force est de constater, qu’elles ne se ressemblent pas. Sur ma ligne, il était facile de voir l’avenir, fallait regarder juste droit devant, on pouvait voir assez loin. Mais à chaque fois que je vivais le moment au présent, ce n’était jamais comme je l’avais aperçu de loin.


Alors j’ai changé ma vision du temps pour intégrer une variable décisive : l’impermanence. De l’angoisse de la ligne, je suis passée au cercle. 
Autant que j’en suis capable avec mon cerveau d’occidentale qui a toujours représenté le temps linéairement.  Rappelez-vous les frises chronologiques en histoire, des grandes lignes droites ponctuées de dates impossibles à mémoriser. Encore aujourd’hui face à mes étudiants, la grammaire des temps sur ma flèche qui part vers la droite, passé, présent, futur. Le temps avance vers quelque chose, une flèche qui va vers quoi ? Un objectif, impératif pour qui veut être un bon capitaliste. Un autre temps, que nous ne pouvons connaître, un but, ultime.


Non. Le temps n’a pas un seul début et une seule fin, c’est un éternel recommencement, des ronds en spirale qui se propagent. Rien ne reste figé sur une ligne, aucun décor n’est fixe. Le monde est fait de cycles : cycles des saisons, cycle de l’eau, cycle de la femme… Rien ne dure. Les choses les meilleures comme les pires.


Vous qui avez du chagrin aujourd’hui, pensez qu’il ne durera pas toujours. Vous qui souriez, vous le pouvez car vous avez été malheureux, parce que vous savez qu’il faut en profiter. Vous aimiez passionnément. Vous ne voudrez plus aimer. Vous penserez que vous ne pourrez plus aimer, et vous aurez raison, pour un temps.  Un jour, elle vous étonnera cette sensation de picotement au bas du ventre, vous pensiez qu’on ne pouvait la vivre qu’une fois.


Nous n’avons pas le choix, tout change. C’est angoissant, car souvent nous voudrions que les choses restent comme elles sont, que rien ne trouble un parfait équilibre.  Mais pourquoi ne changeraient-elles pas, alors que nous mêmes sommes en train de changer, à chaque instant. Plus les mêmes envies, plus les mêmes vérités ni les mêmes relations, plus la même vision du monde.


Dans une vie que l’on voit unique et unifiée, nous avons été enfant, adolescent, puis adulte. Notre corps a changé, que reste t-il de ce que j’étais il y a 15 ans ? La conscience que je ne suis qu’un, un esprit qui se transforme, pas forcément qui avance sur une ligne droite, mais qui a vécu des vies, des fins, qui se sont confondues avec d’autres débuts. Pas de fins nettes, des fins comme celles des chansons. Quand la musique s’arrête, les voix chantent encore dans la tête.


On dit que les heures, les jours, les saisons puis les années se répètent. Oui, mais jamais de la même façon. Ecoutez deux fois la même chanson, vous n’aurez pas les mêmes images dans votre tête. Si oui, la lumière ne sera déjà plus la même.


L’avenir me faisait peur quand je le regardais du haut de ma ligne. Puis j’ai compris qu’il n’existait pas à l’heure où je le pensais. A cette heure, Je sais simplement que ma jeunesse ne durera pas, mais ma vieillesse non plus. Je sais que ma vie ne durera pas alors ma mort non plus. L’impermanence dirige le monde et soulage mes peines.


Bonne année à vous, laissez-vous changer.

 

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